Tuesday, December 12, 2006

NY HISTORY : IAN SCHRAGER HOTELS








Ian Schragher né à New York dans le Bronx, grandit dans Brookling, mais son histoire commence en 1977. En effet, avant de révolutionner l’hôtellerie américaine et internationale, Ian Schrager fut avec Steve Rubell le concepteur du mythique CLUB 54, une boîte de nuit de légende qui contribua à faire l’identité de New York. Barychnikov, Andy Warhol, Truman Capote, Margaux Hemingway, Calvin Klein, Mick Jagger… nombreux furent les beautiful people qui participèrent pendant deux ans à cette “flamboyante décadence”… jusqu’à ce que la police trouve dans les faux plafonds du club une comptabilité parallèle, de l’argent liquide et de la drogue… « je m’étais perdu en chemin, , mais le feeling de Schrager, son inventivité vont l’amener à s’engoufrer dans une brèche ; entre le grand hôtel traditionnel souvent très cher et l’hôtel international type Hilton, il invente le boutique-hotel sophistiqué, chic et cool où ont envie d’aller tous les gens “branchés” …


MORGANS
MURRAY HILL
237 Madison Avenue (entre 37th et 38th st.)
Tél. (212) 686-0300
C’est avec le MORGANS que Ian Shrager inaugure en 1984 ce nouveau concept d’hôtel-design. Le premier de ces “boutique hôtels” est confié à la française Andrée Putman qui livre un hôtel graphique tout en noir et blanc, en cuir et flanelle (on se souvient encore du choc que suscitèrent les salles de bains couvertes d’un carrelage en échiquier).


THE PARAMOUNT
THEATER DISTRICT
235 W 46th Street (entre Broadway et Eighth Av.)
Tél. (212) 764-5500
C’est ensuite en 1988, que Schrager lança sa première collaboration hôtelière avec l’irrévérencieux Philippe Starck, le PARAMOUNT fit événement. A masterpiece, titrait le New York Magazine. Derrière la façade classique d’un immeuble de Theater District, on avait en effet balayé tous les “néo-tout” pour créer de nouveaux volumes déstructurés comme l’escalier du grand hall digne des girls de Broadway. Le mobilier du lobby rend hommage aux designers contemporains avec la Thinking Mari’s Chair de Jasper Morrison, la méridienne Loockheed Lounge de Marc Newson. Hommage aussi plus historique avec des sièges de Gaudí, de Carlo Molino et aux anonymes avec des tabourets ethniques. En Mezzanine, le snack, et le Whiskey Bar restent parmi les adresses les plus courues de la ville. Les chambres sont petites mais là encore beaucoup de créativité dans la décoration et le design, mêlée d’un certain humour puisque l’on peut s’endormir sous le regard appliqué de la “Dentellière” de Vermeer.
www.nycparamount.com
complètement rénové en 2009


THE ROYALTON
WEST MIDTOWN
44 W 44th Street (Fifth Av.)
Tél. (212)869 4400
C’est toujours à Philippe Starck qu’il confie en 1990 le ROYALTON, un hôtel qui est entré dans l’histoire de la ville. En fin sociologue, Ian Schrager, analyse le fait que si la rentabilité passe bien sûr par le taux de remplissage, le succès peut aussi venir des New-Yorkais, compte tenu du rôle social que l’hôtel a toujours eu dans la société américaine. Il rejoignait en cela le Waldorf et l’Algonquin, pour ne citer que les plus représentatifs d’une époque. Il crée donc dans un quartier où le monde du spectacle côtoie celui de l’édition, de la presse et de la mode… des lieux-symboles de la modernité, de l’esthétique et de la culture des années 90. Descendre au Royalton, c’est avoir, en plus, une approche de la ville. La scène se passe au “44”, le restaurant que Calvin Klein apprécie parce que you don’t have to dress, où les journalistes du New Yorker viennent terminer leur édito, où les éditeurs de Condé Nast invitent leurs auteurs. À cinq heures on se retrouve autour du Round Bar dans d’interminables discussions professionnelles ou des potins mondains. La chambre ne déroge pas non plus à la règle du propriétaire, qui veut que l’on vive l’hotel as a theater, chic and cheap.
Rénové en 2008 : La Société Morgans qui a racheté l'hôtel a dépensé une fortune pour refaire le mythique lobby. Une banalité luxueuse a succédé au chic and cheap proclamé.


HUDSON
CENTRAL PARK WEST
366 W 58 th Street (8th et 9th Av.)
Tél. (212)554-6000
La collaboration Schrager-Starck fut manifestement émulatrice. Après avoir désiré un “hotel as a theather” pour le Royalton, en 2001, Ian Schrager commandé pour le HUDSON un “hotel as a lifestyle” partant du principe que le style de vie est révélateur de ce que vous êtes et que donc “ you are, where you sleep”. Philippe Stark signe ici un vrai travail d’artiste où les salons ne sont qu’une succession “d’installations” où provocation et dérision côtoient poésie et humour. La façade-paravent, appliquée sur l’immeuble de briques, fendue de quelques ouvertures anisées sur lesquelles se détache la longue silhouette des cyprès, dynamise cette rue grise de West Side. Un sas, un tunnel-escalator, une lumière-néon chartreuse vous font “débouler” dans une clairière qui vous conduira dès lors dans le monde de Philippe aux Pays des Merveilles. Le long, long desk comme un tronc d’arbre géant, le lustre et les miroirs de Venise surdimentionnés font apparaître les jolis jeunes gens de la réception bien petits. La bibliothèque avec son grand billard napoléonien surmonté d’un immense lustre en coupole doré d’Ingo Maurer et ses portraits de vache en top modèle de Mondino se veut le foyer de l’hôtel. Le bar, dans une ambiance aquatique, expose ses tables et ses chaises de bar de style Louis XV galbées et marquetées, juchées sur des échasses... Toutes ces pièces encadrent un grand patio à la végétation exubérante où l’arrosoir a pris les dimensions d’un pot de J.-P. Reynaud. Tel Alice, ce n’est que le soir, dans une petite chambre-cabine que l’on retrouve la mesure de l’ennuyeuse réalité.
Réservation internationale : 00800 4969 1780



GRAMERCY PARK HOTEL
GRAMERCY
2 Lewington Avenue (21th et 22sd st.)
Tél. (212) 475-4320
reservations@gramercyparkhotel.com
Réservation internationale : 00800 4969 1780
The last histoire hôtelière de Schrager (but not the least), c’est la réouverture en 2006 du nouveau GRAMERCY PARK HOTEL, un hôtel-collector, qui fut au même titre que le Chelsea Hotel une référence et une institution, y compris en Europe. Artistes et intellectuels affectionnaient son atmosphère désuète, ses prix raisonnables et sa situation paisible. Ceux qui aimèrent jusqu’au bout le Gramercy, suivirent de près les problèmes et les drames familiaux qui frappèrent la famille Weissberg, les propriétaires qui logeaient depuis toujours sur place. Aujourd’hui Ian Schrager a racheté l’hôtel et en a confié l’esprit à Julian Schnabel. Pour la première fois il veut forgot about hip, privilégier le confort et l’intimité pour une clientèle d’invités sensibles à l’atmosphère d’une demeure “d’honnête homme” curieux, amateur des arts (superbe collection exposée avec des toiles de Cy Twombly, Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Richard Prince, Damien Hirst, and Julian Schnabel), qui aurait beaucoup lu, beaucoup voyagé… l’univers de Julian Schnabel se prêtait bien à ce nouveau concept voulu par Schrager. Alors bien sûr, le bar est less shabby, a little more chic. Phyllis n’est plus derrière son piano, et il n’est pas sûr que les groupes de musique, qui venaient y loger le week-end, trouvent à présent l’ambiance pour y organiser une jam cession spontanée… les jeunes hôtesses ressemblent à celles du Costes, quant au rooftop-bar c’est no blue jeans. Mais l’hôtel va vraisemblablement continuer à écrire sa légende et fabriquer encore de beaux souvenirs.
www.gramercyparkhotel.com



Quant à Schrager, après avoir cédé au Morgans Group Hotels, le Morgans, le Royalton et l'Hudson Hotel à NY, le Delano à Miami, et le Mondrian à L.A, il est sur d’autres projets et pourrait devenir bâtisseur, comme il l’a déjà commencé avec le complexe résidentiel mitoyen de l’hôtel, le 50 Gramercy North, en collaboration avec l’architecte anglais John Pawson et au 40 Bond avec Herzog & de Meuron.
Dans un article, “Le design à toutes les sauces” (Les Echos : 13 octobre 2006), la journaliste Laurence Salmon trouvait «… piquant de voir le promoteur américain Ian Schrager jeter aujourd'hui l'anathème sur les hôtels design dont il a contribué à lancer la mode avec Philippe Starck. Alors que tout le monde l'a suivi, jusqu'aux chaînes hôtelières, il surfe désormais sur la vague du vintage avec l'artiste Julian Schnabel à qui il a confié la nouvelle décoration du Gramercy Hotel de New York.” C’est que simplement pour Ian Schrager “Now, more than ever, I fell the status quo is unacceptable. This is what I did with my nightclubs and hotels and I intend to do with people’s homes.”


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