Thursday, April 14, 2016

Avant Garde, Contreculture, Pop et Rock : New York 60'








LE TERREAU 50's-60's

LA BEAT GENERATION
La Beat Generation est un mouvement d'inspiration littéraire et artistique, né aux US dans les années 50, à l'initiative de trois étudiants de l'Université de Columbia à NYC...  Howl d'Allen Ginsberg (1956), poème qualifié "d'obscène" qui valut à l'éditeur d'être arrêté et inculpé pour sa publication. Naked Lunch de William S. Burroughs (1959), On the Road de Jack Kerouac (1957) et Gasoline de Gregory Corso (1958) sont les œuvres emblématiques de la littérature Beat, qui peuvent aussi bien être de la poésie que de la prose. Les auteurs utilisent des techniques comme "l'écriture spontanée" ou la "littérature de l'instant"  et le cut-up qui permettent de dynamiser le récit et de rendre par écrit les impressions ressenties lors de la prise de drogues (technique particulièrement visible dans Le Festin nu, écrit à Paris).
Ces auteurs annoncent la déferlante à venir de la libération sexuelle et du mode de vie très décalé de la jeunesse des années 60, celle qui allait bouleverser la société US dans ses certitudes et qui "a directement inspiré les mouvements de mai 68 autant que l'opposition à la guerre du Vietnam ou les hippies de Berkeley et Woodstock. Pourtant elle aussi contribué à enrichir le mythe US : On the road de Kerouac est une ode aux grands espaces, à l'épopée vers l'ouest, à la découverte de mondes nouveaux ; elle encourageait à la liberté, à la vie vie naturelle, à la créativité".
  
ABSTRACT EXPRESSIONISM et ACTION PAINTING

L'Abstract expressionism et L'Action painting de l'Ecole dite de NY (avec Franz Kline,(photo 2), Willem de Kooning, Robert MotherwellLee Krasner, Joan Mitchell (photo 3) Larry Rivers...), sont des mouvements picturaux de l'après-deuxième guerre mondiale, époque où la mécanique quantique et la psychanalyse émergentes vont induire une nouvelle perception du monde physique et psychologique.
Jackson Pollock (photo 1) est l’un des maitre de l’Action painting, une peinture gestuelle qui nécessite un engagement physique de l’artiste avec sa toile. À partir des années 50 il met fin à l’utilisation traditionnelle du pinceau et lui préfère le dripping, projection de peinture sur la toile et surtout le pouring, coulage du matériau à partir du pot de peinture ou d’un bâton.
Concernant l'art des deux décennies (50-60), le critique US Rosenberg le redéfinit "comme étant un acte plutôt qu'un objet, un processus plutôt qu'un produit, y voyant les bases d'un certains nombre de mouvements artistiques majeurs : depuis le Happening jusqu'à l'Art conceptuel, les Installations, les Performances et le Land art."



AVANT GARDE et ANTI ART NY

LA NEW THING ou FREE JAZZ au FIVE SPOT CAFE
 
 

La liste est longue des artistes qui fréquentèrent le club : des peintres (Herman Cherry, David Smith, Willem de Kooning, Franz Kline, Joan Mitchell, Alfred Leslie, Larry Rivers, Grace Hartigan, Jack Tworkov, Michael Goldberg, Roy Newell, Howard Kanovitzet) des écrivains Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Frank O'Hara, Ted Joans et Gregory Corso ...
Mais le 17 Novembre 1959, le Ornette Coleman Quartet de Los Angeles (Coleman au saxophone alto, Don Cherry au cornet, Charlie Haden à la basse et Billy Higgins à la batterie) fait ses début à New York, au FIVE SPOT. L'engagement prévu pour deux semaines, compte tenu du succès, durera dix semaines. Leonard Bernstein, Miles Davis, et John Coltrane furent parmi les participants de cette soirée historique. 
Le déménagement d' ORNETTE COLEMAN à NY et sa signature chez Atlantic Records, marquent en effet un tournant décisif dans le jazz. S'il reste encore une trace de la structure thème-improvisation-thème, la grille a disparu, les harmonies ne sont plus reconnaissables, et les improvisations ne sont donc plus limitées par la structure de la grille harmonique. Lorsque Ornette Coleman intitule son disque en 1960 Free Jazz: A Collective Improvisation, où un double quartet improvise simultanément, le nom du disque devient celui du mouvement.


NEW SCHOOL FOR SOCIAL RESEARCHS
La New School for Social Researchs, célèbre université de NYC, située dans Greenwich Village, a acquis une renommée internationale grâce au nombreux et prestigieux professeurs qui y enseignèrent parmi lesquels : Hannah Arendt, Claude Lévi-Strauss, Alexandre Koyré, John Ménard Keynes, Richard Avedon, Jurgen Haberman, ou encore John Cage... (photo : G. Brect au centre, A. Kaprow au fond)

JOHN CAGE

Compositeur de musique contemporaine expérimentale, mais aussi plasticien et philosophe, JOHN CAGE (lui même inspiré par la philosophie Zen et les ready-made de Marcel Duchamp) fut l'inspirateur de mouvements artistiques de l'Avant-garde new-yorkaise (et pas seulement). Entre 58 et 61, de jeunes artistes influencés par le Dada et par l'enseignement de John Cage à la New York School (cours suivis aussi bien par des musiciens que des plasticiens des écrivains) effectuèrent un minutieux travail de sape des catégories de l'art par un rejet systématique des institutions et une profonde remise en question de la notion d'œuvre d'art.

ALLAN KAPROW
 
Elève de Cage, après avoir exposé de la peinture expressionniste abstraite, ALLAN KAPROW se tourne ensuite vers la réalisation d'évènements incluant lumières, odeurs, sons électroniques et matériaux inhabituels...surtout Kaprow fut le créateur du Happening en 1958, "l'héritage de J. Pollock" titrera la revue Art News.

GEORGE BRECHT
Autre disciple de John Cage, GEORGE BRECHT propose en 1958 un projet visant à supprimer les frontières entre toutes les formes artistiques et la vie, mais aussi la science et les techniques. Parallèlement, dans la lignée de Cage, G. Brecht met en scène des Events. 
LA MONTE YOUNG et YOKO ONO
LA MONTE YOUNG explore les dimensions musicales ouvertes par J. Cage, poursuit son travail sur le silence et forme le groupe de musique expérimentale The Theater of Eternel Music centré sur le drone  ; c'est à la New School qu'il rencontre Yoko Ono, dont l'atelier est un lieu permanent de manifestations au croisement de la musique et de l'"action vivante". "On peut s'interroger sur les raisons qui ont longtemps tenu le rôle de YOKO ONO pour mineur (en Europe notamment) alors qu'elle exerce une influence majeure dans l'invention de l'art conceptuel et de l'esprit Fluxus (qu'elle se refuse d'ailleurs de revendiquer).
 Rétrospective YOKO ONO  au MAC de LYON jusqu'au 10 juillet 2016

Theater of Eternal Music : Tony Conrad, Marian Zazeela, la M.Young, John Cale (Pocket theatre, NYC, 1964) ; performance Y. Ono

FLUXUS

Dans cette mouvance, GEORGE MACIUNAS, inspiré par Yoko Ono, organise dans sa Galerie AC des performances. Davantage versé dans le graphisme, c'est sur le programme de l'une d'elles que l'on peut lire pour la première fois, en 1961, le mot Fluxux. Sous l'impulsion de La Monte Young, il réalise en 1961 une publication qui regroupe des œuvres des artistes officiant chez Yoko Ono et à la Galerie AC, mais aussi Nam June Paik, continuateur de l'œuvre de John Cage. Intitulée, An Anthology, elle porte en sous-titre les concepts qui représentent la diversité du mouvement qui ne porte pas encore le nom de Fluxus. Ce mouvement va fédérer des artistes de toutes disciplines, déterminés à transgresser les notions muséographiques fondamentales : permanence, postérité, qualité, paternité.
 FLUXUS participe donc aux questionnements soulevés par les formes d'art de cette époque et notamment le statut de l'œuvre d'art dans la société. "L'humour et la dérision sont placés au centre de la démarche et participent à la définition de Fluxus comme un non-mouvement, produisant de l'Anti-art ou plutôt un art-distraction", tel que le définit le Manifesto

"Genocide", œuvre de George Maciunas


CULTURE POP

ANDY WARHOL et LA FACTORY

C'est dans ce contexte artistique de contre-culture NY, du début des années 60, qu'ANDY WARHOL deviendra la star new-yorkaise et américaine du POP ART, en popularisant ce courant artistique, qui questionne de façon agressive la consommation de masse : l'art est présenté comme un simple produit à consommer, éphémère, jetable, bon marché... Warhol va ainsi réaliser ses premiers tableaux inspirés des comics, peindre ses premières boîtes de soupes Campbell’s et Dollars, et composer aussi ses premières sérigraphies sur les stars américaines.

En janvier 1964, Warhol ouvre la FACTORY dans un loft sur la 47eme rue : une sorte d’atelier artistique où il va produire ses sérigraphies, mais un lieu qui devait aussi servir à Warhol à produire du mythe, de l’image sociale en quantité industrielle, et propulser dans la grande constellation des VIP, quiconque mettrait les pieds chez lui. Galerie d’exposition, studio de tournage, salle de projection, salle de concert, boîte de nuit, tous les événements étaient prétextes à la réunion du gratin de la jet-set new-yorkaise qui venait s’encanailler avec tous les paumés, dépressifs, toxicos dont Warhol aimait s’entourer dans des fêtes géantes où les classes sociales étaient abolies, tout le monde logeait à la même enseigne du super-star-system undergroundLa «fabrique» donc, se devait d’être cet endroit où on entre anonyme et d’où on sort «Superstar» (selon la terminologie de Warhol).


 DARK ROCK

VELVET UNDERGROUND
 
LOU REED fut le leader et la figure emblématique du Velvet Underground. Avant même que le groupe ne se constitue, il avait, en effet, déjà écrit les titres légendaires : Venus in Furs, Heroin et Waiting for the man. À 17 ans, il subit un traitement par électrochocs, proposé par un psychiatre à ses parents, inquiets de ses saute-d'humeur et de ses tendances homosexuelles, expérience dévastatrice évoquée dans la chanson Kill Your Sons. Il commence à consommer des médicaments le rendant très dépendant, et exprimera tout au long de sa carrière son traumatisme dans des textes d'une grande radicalité : violence, provocation, insolite, réalisme cru, modernité. 
C'est chez Pickwick's Records que Reed rencontre JOHN CALE, jeune boursier britannique en  musique classique et contemporaine, venu étudier à NYC : d'abord avec John Cage avant de devenir membre du très avant-gardiste Theatre of Eternal Music de La Monte Young.
C'est ensuite dans le métro qu'il croise et retrouve STERLING MORRISON, qu'il avait connu à la Syracuse University de NY, qui les rejoint ...Quant au batteur ce fut d'abord Angus MacLise de La Monte Young puis la sœur d'un copain MAUREEN TUCKER. THE VELVET UNDERGROUND se produisit pour la première fois le 11 cembre 1965, à la Summit High School. C'est au Cafe Bizarre, un bar à touristes connu pour ses cocktails exotiques, et dans un contexte donc complètement décalé, qu'Andy Warhol les découvre, les invite à La Factory et devient leur producteur de 1965-1967, leur imposant NICO, "mannequin allemande devenue chanteuse vénéneuse, astre blond tombé dans la matière noire". 
  
En 1967, le Velvet publie son premier album, The Velvet Uderground & Nico


"Lou Reed, l'homme aux dix vies, aux cent visages, aux mille rumeurs..., le poète de la seringue, le chantre du fouet, le chroniqueur des backrooms, le cartographe des rues sauvages, le parrain du punk, le croquemitaine qui aura réussi à se brouiller avec la terre entière, et avec lui-même un matin sur deux, devant son miroir... Derrière l'alternance de chefs-d'œuvre et de pochades, de coups de génie et de coups de grisou, un mystère : 
Comment devient-on le grand méchant Lou ?
Au terme de quel parcours en arrive-t-on à fonder l'un des deux ou trois groupes de rock dont on puisse, sans crainte de se ridiculer, qualifier l'œuvre de révolutionnaire ?" (B. Joffin)

les/des réponses à la PHILARMONIE de PARIS : site EXPO




Carte pour retrouver (then and now) les sites : “The Velvet Underground Map of New York” (Herb Lester Associates)

Hors Série sur l'exposition