Friday, February 19, 2016

Remember 70' NYC : "Lost Downtown"



 

Juillet 2015 : ACTEURS et TEMOINS NYC ANNEES 70
Le 14 Juillet 2015, le T Magazine a rassemblé quelques-uns des artistes, écrivains, artistes, musiciens et intellectuels qui ont participé à la scène culturelle inimitable et électrisante du New York de la fin des années 1970-80. Il y avait des amis de longue date (certains, concurrents), mais l'ambiance fut à la fête.  Chaque génération pense qu'elle est unique, mais cette génération le fut vraiment: Ce sont des gens qui sont venus et qui sont restés à New York quand la ville était à son comble, et, ce faisant, ils ont participé et contribué à créer ce qui fut sans doute le plus important mouvement artistique pluridisciplinaire que la ville n'ait jamais connu. Mais si cette rencontre historique étaient marquée par ses présences, elle l'était tout autant par ses absences : tout un groupe de personnes (les artistes David Wojnarowicz, Peter Hujar, Robert Mapplethorpe, Keith Haring, Tseng Kwong Chi et Felix Gonzalez-Torres... (pour ne citer qu'eux) morts du SIDA. Ceux qui restent sont des survivants de cette peste, du temps, des merveilles et des ravages qui traversèrent cette époque.

Why Can’t We Stop Talking About NY in the Late 1970s? 

Alors que la fin des années 70 furent les plus sombres, voire lugubres, qu'ait connu  NY l'auteur et critique EDMUND WHITE, dans un article du T Magazine paru en septembre 2015 se pose la question (traduction avec quelques liens et détails en +)

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 "On constate aujourd’hui un fort courant de nostalgie pour le NY de la fin des années 70 et du début des années 80, même parmi ceux qui n'y ont jamais vécu. Une époque où la ville était agitée et dangereuse, où les femmes avaient toujours leur pepper spray Mace dans leur sac à main ; où même les hommes demandaient au chauffeur de taxi d'attendre jusqu'à ce qu'ils aient franchi leur porte d'entrée, où les pannes d'électricité plongeaient le quartier dans un pillage frénétique, où les wagons de métro étaient couverts du graffiti ; Balanchine était au top de sa gloire et le New York State Theater, le salon intellectuel de New York ; époque où John Lennon fut assassiné par un personnage ressuscité de Salinger, Philip Roth était déjà célèbre, Don DeLillo (édité chez Acte Sud) allait le devenir, et nombre d'initiés littéraires pariaient sur le roman tant attendu d'Harold Brodkey, qui devait être le livre du siècle selon son éditeur, Gordon Lish, et qui, lorsqu'il paru, ‘‘The Runaway Soul.’’ en 1991 fut un flop total…
Ce fut aussi la fin de l'époque où le milieu culturel américain faisait la distinction entre les intellectuels et les autres, l'époque où les auteurs, les peintres, les gens de théâtre se prenaient pour "des martyrs de l'art", un temps où un romancier, un poète pouvaient retirer un livre, prêt à être publié, pour continuer à le peaufiner pendant encore deux ou trois ans. Et, sans doute, la dernière fois aussi, où un poète de New York pouvait être réticent à présenter à ses amis arty un réalisateur d'Hollywood… (photos de P. Hujar)

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Récemment c’est la télévision, le cinéma, la littérature qui ont manifesté un engouement pour cette décennie et plus particulièrement pour les cinq années comprises entre 1977 correspondant au blackout des années SIDA jusqu'à 1982, quand enfin les Centres pour le Contrôle de la Maladie commencèrent à en parler.
Citons, le roman paru en  2013 de Rachel Kushner The Framethrowers, dont l'héroïne est un témoin très percutant de la scène théâtrale de Soho et le roman de Garth Risk Hallberg City of Fire (publié en France chez Plon) qui ‘‘fait revivre le Manhattan brut des années 70. Comme une version punk de La Maison d'Âpre-Vent de Dickens (Vogue)’’.
Deux séries télévisées ont également pour cadre la fin des années 70 : VINYL de Martin Scorsese co-écrite avec Mick Jagger, qui nous plonge au cœur de l'industrie musicale du New York des années 70 ; THE GET DOWN, dirigé par Baz Luhrmann centré sur la genèse du hip-hop et qui explore les lieux mythiques du NY des années 70. "
En 2018, le Whitney Museum montera la première rétrospective de David Wojnarowicz, le dernier artiste grunge de East Village durant plus de 15 ans ; le travail de son amant, le photographe PETER HUJAR —qui  a fait l'objet en février 2016 d'une exposition “Lost Downtown” à la Galerie Paul Kasmin Gallery, 297 Tenth Ave., New York— fera quant à lui l'objet  d'une prochaine rétrospective (non encore programmée à ce jour) à la New York’s Morgan Library. (Autoportrait, D. Wojnarowicz, photos de P. Hujar)

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Dans son ensemble, toutes ces œuvres expriment une attirance irrésistible pour cette ville qui malgré le pire, était à cette époque plus "démocratique" : un lieu et un temps où, que l'on soit riche ou pauvre, on était coincé dans la même galère (et la même liberté), et où même l'argent ne pouvait vous préserver. Néanmoins, même ceux, qui prétendent ne pas regretter ces années là, ne semblent pas tout à fait convaincus. "Bien entendu, je n'ai pas la nostalgie des agressions", dit John Waters, tout en rajoutant " mais je deviens vraiment un peu dubitatif quand je me rends compte que lorsque quelqu'un quittait un bloc estimé dangereux, une nuée de restaurants se battaient pour qui sera le premier à s’y installer...  Il me semble presque impossible de me souvenir qu’il était dangereux de sortir. Quel agitateur artistique a envie de vivre dans la ville la plus sûre d’Amérique ? Qui va écrire un livre sur les rues les plus sûres de Manhattan ? C'est toujours juste avant la tempête que l'air est rempli de possibilités audacieuses voire dangereuses.
(Photos 1-Lillian Carter, mère du Pt Jim Carter fête un howard au Studio 54 avec A. Warhol ; 2, 3 (photos de Bill Bernstein) ; photos 4-5-Diana Vreeland, journaliste de mode et 6 'photos de P. Hujar)

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Il y avait donc des possibilités. Le monde culturel —du moins le monde culturel qui comptait— était alors beaucoup plus restreint. Les peintres connaissaient les musiciens qui connaissaient les écrivains et tous étaient accessibles. ‘‘C'était facile de rencontrer John Ashbery ou Jasper Johns’’, dit Brad Gooch, l'auteur de ‘‘Smash Cut’’ (un témoignage sur l'amour et la mort dans un NY, qui dans ces années où se révélait le Sida, côtoyait l'enfer) ; Fran Lebowitz renchérit ‘‘tous ceux qui lisaient le magazine Interwiew   d'Andy Warhol (Entretiens Grasset) se connaissaient, et c’est ce petit monde, qui a eu une influence durable sur le goût américain, la musique, la peinture, la poésie et les divertissements’’.
 (Photos P. Hujar :  1-John Ashbery, 3-Fran Lebowitz, 4-Andy Wharol, 5-William Burroughs, 6-Louise Nevelson, 7-Allen Ginsberg, 8-Merce Cunningham et John Cage ; Photo 2- Jasper Jones ; Photo 9-Truman Capote, Bob Colacello, éditeur d'Interview, DD Ryan de Harper's Bazaar ).

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Ces années se sont forgées sur les scènes de Downtown : un mouvement multidisciplinaire, simultanée installé dans East Village, d'où a émergé la musique Punk, le gonzo journalisme subjectif, le body art, le théâtre expérimental de La MaMa. Puis ce furent des lieux de légende comme le Max’s Kansas City, sur Park et la 18th, qui fut le temple des New York Dolls, des Ramones (photo 3 ; exposition au Queen's Museum à partir du 16 avril 2016 Hey! Ho! Let,s Go! :  Ramones and the birth of Punk), Blondie, Klaus Nomi (photo 1) et Sid Vicious tandis que sur Bleeker et Bowery se trouvait le CBGB le repaire de Television, Patti Smith (photo 2) et nombre de groupes qui jouaient aussi au Max’s… sans compter les petites galeries éphémères qui ouvraient chaque semaine dans E. Village.

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Il y eut aussi ce High Mandarin moment un mouvement isolé, peu étudié (et référencé), une sorte de pulsion qui fut le dernier souffle du Modernisme et du Radicalisme des années 60 ; une combinaison paradoxale d'élitisme dans les esthétiques et d’un égalitarisme avoisinant le socialisme et l’utopisme en politique. Parmi les figures représentatives de cette tendance NY : Susan Sontag, Jasper Johns, George Balanchine, Robert Wilson, Robert Mapplethorpe, Richard Sennett, Richard Howard, John Ashbery et beaucoup d’autres « experts » culturels — Barbara Epstein et Robert Silvers, les éditeurs de la New York Review of Books; Bob Gottlieb à Knopf ; le critique Richard Poirier.
La plupart n’était pas du tout intéressé par la politique, mais dans le cas contraire, c’eut été radical. Mapplethorpe —avec ses nus afro-américains lubriques, ses portraits de femmes du monde et ses natures mortes " les fleurs de New York"— fut un des rares a puisé ses inspirations dans le milieu new yorkais (qu'il fut de la high society ou des bas-fond). Un tel phénomène pourrait-il arriver aujourd'hui ? Peut-être à Berlin, mais pas à New York. 
(Photos Susan Sontag ; Bob Wilson de P. Hujar, 4 R. Mapplethorpe, photo de Jonathan Becker, Vanity Fair).
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Ainsi furent ces années… une époque où les loyers permettaient aux auteurs potentiels, chanteurs, danseurs de vivre dans Manhattan (l'Est, sinon, l'Ouest Village) avant que ce monde marginal ne soit de nouveau marginalisé vers Bushwick ou Hoboken. Le face à face, les rencontres restent essentielles pour la vitalité d'une ville, même si les gens ne se connaissent pas, l'échange des idées produit ce sentiment d'électricité qui initie les courants. Dans les années 70, les créatifs de toutes sortes pouvaient se rencontrer, se réunir au débotté, échanger, discuter des théories en germe, du marché ou des tendances. 
(Photos au Chelsea Hotel : 1-Dee Dee Ramone (Keith Green) ; 2- romancier anglais gay Quentin Crips ; 3-Doll en enregistrement (P.A. Simon) ; 4 et 5-Patti Smith avec R. Mapplethorpe et avec Sam Shepard ; 6-Bob Dylan et Allen Ginsberg devant l'hotel ;  7--Edie Sedgewick et Andy Warhol, tournage de “Chelsea Girls” ; 8-Janis Josplin + 9-Leonard Cohen = "Hotel Chelsea No. 2 ; 10 et 11-Nancy Spungen et Sid Vicious, l'assassinat de Nancy et l'arrestation de Sid)
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Dans la vie homosexuelle, ce fut la grande période du croising, de la drague. À cette époque de l’avant SIDA, âge d'or du STUDIO 54 et du MINESHAFT, les gays étaient sur le point de devenir des initiateurs de tendance et arbitres des élégances ; Frank Rich écrivit même un article rétrospectif pour l'Esquire en 1987 dans lequel il analysait "l’homosexualization de l'Amérique." Mais l'irruption de la « peste » en 1981 a changé tout ce cela. Soudainement les beaux gars, avec leurs corps de skippers et des emplois bien rémunérés, ressemblaient à des squelettes d'Auschwitz couverts de taches noires, comme les statues inachevées de marbre de Canova. Personne ne voulait plus échanger de baisers alors que l’on ne connaissait pas le chemin de la transmission. Quant à ceux intrigués par la vie homosexuelle, qui auraient pu envisager de l’expérimenter, soudainement c’est un rideau de fer qui s’abattait entre les deux orientations sexuelles.
(Photos 1-Calvin Klein, Brooke Shields et Steve Rubell au Studio 54- 3-A. Warhol et Bianca Jagger, 2 - 3 et 5 (photos Hasse Persson), 6-Larry Ree, 7-Dragqueen John Heys (photos Peter Hujar)
 Peter Hujar "Candy Darling on her Deathbed," 1973
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À présent avec la légalisation du mariage pour tous par la Cour Suprême et la "banalisation de la vie homosexuelle", les gays alors, discriminés sous les années Nixon et Bush, avec leurs revendications affichées et provocantes, donnent une vision excitante, voire romantique des homos de cette époque ..."Celui qui tire les ficelles de ce théâtre de tous les excès en est une des figures sulfureuses et libres, Edmund White" dans son livre City Boy (Plon)
 Cette écologie délicate (dans le sens de science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux...) avec leur environnement, mais aussi avec les autres êtres vivants) a maintenant été irréparablement endommagée. Bien sûr on peut toujours faire de belles rencontres, interviewer des gens qui seraient peut-être arrêtés dans une autre ville, mais la flamme culturelle qui a envahi New York, via l'Europe avec tous les réfugiés de la Deuxième Guerre mondiale, et qui brilla à partir des années 50 avec l’Expressionnisme abstrait et la New York School, « école » qui rassemblait, tous arts confondus, les artistes d'avant-garde actifs à NY et qui se poursuivit jusqu’à la fin des années 70— est maintenant bien enterrée même si des étincelles individuelles fusent toujours çà et là.
Ce qui fait dire à quelques "happy few" nostalgiques que le bouillonnement de cette époque valait bien, en définitive, le danger, la laideur ambiante et la pauvreté.
Robert Mappelthorpe : Autoportrait





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2014, EXPOSITION DU GRAND PALAIS, PARIS 



PATTI SMITH




 



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OUVRAGES TRADUITS EN FRANCAIS
 




NON TRADUITS
 





 
His photographs capture the culture of rock and punk music; the beguiling moments with the Ramones, Patti Smith, Talking Heads, Blondie, Dead Boys, Richard Hell, Lydia Lunch and many more as they made New York’s CBGB club their home in the late 1970s.


TAXI DRIVER, film de Martn Scorcece, Robert De Niro (1976)



CHELSEA ON THE ROCKS, film d'Abel Ferrara (2008)
 


LEONARD COHEN chante  Chelsea Hotel 2

 VINYL une série TV de Martin Scorsese & Mike Jagger (2016)
THE GET DOWN, série TV de Baz Luhrmann (2016)


Liens :